72 - L'Abbaye de l'Epau - Sarthe - Le Mans
~~L’Abbaye de l’Epau, classée monument historique, elle est située aux portes de la ville du Mans, sur la rive gauche de l'Huisne, jouxtant la commune d'Yvré-l'Évêque. Elle constitue l’un des plus beaux exemples de l’architecture cistercienne en France. En 1229, Bérengère de Navarre, veuve de Richard Cœur de Lion, décide de fonder l’abbaye où elle sera enterrée un an plus tard.
~~Bérengère de Navarre, fille du roi de Navarre, est née en 1170 dans les Pyrénées. En 1191, elle épouse Richard Cœur de Lion et devient par cette alliance reine d’Angleterre mais aussi reine de Chypre, duchesse de Normandie et comtesse de l’Anjou et du Maine.
~~En 1199, Richard, alors parti guerroyer en Haute-Vienne, reçoit une flèche dans l’œil et meurt. Le frère de Richard, Jean sans terre, refuse de donner à la Reine Bérengère les terres qui lui sont dues. Par concours de circonstance et d’alliance, elle reçoit finalement la terre de l’Espal et en prend possession en 1204. Elle souhaite construire une abbaye afin d’y accueillir son corps à sa mort. En 1229, elle lance la construction de l’Abbaye de la Piété-Dieu, connue sous le nom d’Abbaye de l’Epau et meurt un an après.
La Guerre de 100 ans
En mars 1365, en pleine guerre de Cent Ans, les Manceaux qui ont peur que l’abbaye ne serve de base arrière aux anglais la brûlent. L’abbatiale va être largement détruite.
Pourtant, dès 1366, on décide de reconstruire les parties endommagées, mais les donations manquant, cela durera plus de 40 ans. Le principal artisan est Guillaume de Bonneville.
Malgré des travaux d’agrandissement faits aux XVIème et XVIIIème siècles (aile droite et logis de l’abbé), à la veille de la Révolution, il n’y a plus beaucoup de moines qui vivent et prient à l’Epau. L’abbaye est vendue comme bien national à la Révolution et transformée en ferme. Elle sombre pour un siècle dans l’endormissement.
~~A la Révolution, l’abbaye, presque désertée par les moines depuis le XVIII siècle, est vendue comme bien national à un industriel. Elle traverse difficilement le XIX siècle et la première moitié du XX siècle voit se succéder de multiples activités au sein des bâtiments mal entretenus.
~~En 1958, le Département de la Sarthe s’en porte acquéreur, et décide alors de sa restauration qui dure depuis près de 50 ans. Le parti pris est de restituer l’abbaye dans son aspect originel du XIIIe siècle. Le Conseil général de la Sarthe lui donne une vocation culturelle.
~~Extérieur de l'abbaye de L'Epau.
L’église abbatiale se présente sous la forme d’une grande croix au tracé régulier, le chœur profond de deux travées se terminant par un chevet plat. La distance chœur nef fait 70 m, son transept 47 m. Les travaux démarrent en 1252.
~~Les doubles corbeaux de pierre sur lesquels s’appuyait la charpente du toit en appentis, ont résisté au temps.
~~Le cloître: Il ne reste rien du cloître originel dont on peut penser qu’il n’a pas été reconstruit après l’incendie de 1365 ou, à défaut, démoli après le remaniement des bâtiments claustraux au XVIIIe siècle.
~~La sacristie, elle se divise en deux nefs (de trois travées chacune), dont les ogives reposent sur des colonnes aux chapiteaux ornés de motifs végétaux. On remarque le détail de la croisée d‘ogives où figurent les fleurs de lys de Saint Louis.
~~Quelques peintures murales du XVe siècle ornent encore les murs et révèlent un ensemble plus ancien qui devait recouvrir toutes ses parois, les ébrasements des portes, les sculptures des chapiteaux, les clefs de voûtes et voûtains.
Deux portes situées côte à côte permettent d’y accéder depuis le cloître. Deux placards muraux destinés à abriter des vases sacrés ou reliquaires sont aménagés, en vis-à-vis, dans les murs opposés.
~~La décoration des voûtes est réservée à honorer les grands seigneurs bienfaiteurs du monastère. Sur toutes les croisées des arcs d’ogives, on y retrouve les fleurs de Lys du roi Louis IX. Sur chacun des 24 voûtains, 18 quadrilobes comptant un écu chargé d’un blason historié plusieurs fois répétés : celui du comte du Maine ("d’azur à 3 fleurs de lys d’or à bordure de gueules"), de la Bretagne ou d’autres. Sur les chapiteaux enfin, des feuillages sont peints en verts sur fond rouge.
~~La décoration des voûtes est réservée à honorer les grands seigneurs bienfaiteurs du monastère. Sur toutes les croisées des arcs d’ogives, on y retrouve les fleurs de Lys du roi Louis IX. Sur chacun des 24 voûtains, 18 quadrilobes comptant un écu chargé d’un blason historié plusieurs fois répétés : celui du comte du Maine ("d’azur à 3 fleurs de lys d’or à bordure de gueules"), de la Bretagne ou d’autres. Sur les chapiteaux, des feuillages sont peints en verts sur fond rouge.
~~On remarquera le détail de la croisée d‘ogives où figurent les fleurs de lys de Saint Louis.
~~Dans les quadrilobes on y voit de petites scènes à plusieurs personnages, un évêque présentant à des moines un document roulé, deux moines s’activent devant une représentation de l’abbatiale.
- Quadrilobes : Motif ornemental de style ogival, est formé de quatre arcs de cercle (appelés lobe) tracés en prenant successivement pour centre les angles d'un carré de référence. Exécution courbée, les portions d'arcs sont alors agrémentées d'arc d'ogive, arc brisés. Ces arcs peuvent être tangents ou sécants.
~~Deux placards muraux destinés à abriter des vases sacrés ou reliquaires sont aménagés, en vis-à-vis, dans les murs opposés.
~~~Deux portes l'une donnant dans la salle capitulaire, l'autre dans l'abbatiale.
~~Salle capitulaire et du gisant.
Un bel exemple d’architecture du Moyen Âge : de plan carré, divisé en 9 travées, ses voûtes sur croisées d’ogives s’appuient sur quatre colonnes centrales aux chapiteaux octogonaux en pierre de Bernay.
~~La seule salle où la parole est admise, salle où on écoute la lectio divina,) : parler, discuter, entendre l’abbé donner ses consignes.
~~La clé de voûte centrale est ornée d’une sculpture figurative représentant un agneau mystique cette représentation de l’agneau dressé, tenant l’étendard de la résurrection du Christ sera l’emblème du monastère.
~~Impossible de passer à côté du gisant de la reine Bérengère, fondatrice du monastère et décédée en décembre 1230, deux ans après que le roi Louis IX, par une charte établie en août 1228, ne lui fasse don d’un lieu près du Mans nommé l’Espau sur lequel fut fondé le 7 février 1229 la dite abbaye.
~~La Reine Bérengère meurt l’avant veille de Noël 1230 dans son palais des comtes du Maine à l’âge de 60 ans. Son corps est ensuite acheminé dans sa chère abbaye, mais l’abbatiale inachevée ne lui permet pas d’y être enterrée.
Les religieux font sculpter sa pierre tombale (ou gisant) bien des années plus tard en la parant des signes distinctifs de sa qualité de Reine (couronne parée de fleurons et de cabochons sur sa tête, deux animaux : le chien, symbole de fidélité et le lion, attribut donné à Richard, son mari sont sculptés couchés à ses pieds, le livre de prières qu’elle tient entre ses mains d’un geste particulier et tendre pour évoquer sa fin de vie…).
Les pérégrinations du gisant
~~Son tombeau demeura dans la salle capitulaire pendant plusieurs siècles avant de connaître quelques revirements entre 1602 et 1988 où il revient sur son lieu initial après avoir été déplacé dans l’abbatiale (1602-1790), puis transféré à la cathédrale du Mans et de revenir enfin à l’Epau en 1970.
La reine Elisabeth d’Angleterre vient s’incliner sur son gisant en juin 1984 avant qu’il ne retrouve enfin son emplacement initial dans la salle capitulaire en 1988.
Si le corps de la Reine Bérengère fut retrouvé en 1960 dans la salle capitulaire, là où il fut primitivement déposé, son gisant de pierre, lui, fut des plus grands voyageurs. Il fit son entrée dans l’abbatiale en 1602, près de l’autel puis déplacé en 1672 au centre du chœur et y resta jusqu’en 1790.
Devenu gênant compte tenu de l’usage de l’abbaye en exploitation agricole ensuite, le gisant et son socle sont déplacés et retrouvés sous un tas de blé.
Le monument est finalement offert en 1821 par la propriétaire de l’abbaye de l’époque, Pierre Thoré, à la cathédrale du Mans où il est dressé dans le transept nord.
Il est déplacé dans le transept sud en 1860 et y reste jusqu’en 1921.
Il est ramené finalement à l’ Epau, désormais restaurée, d’abord dans la chapelle des Rois où la reine Elisabeth d’Angleterre vint s’incliner en 1984. Elle émet à cette occasion le vœu que les époux Bérengère et Richard soient réunis à Fontevraud après tant de siècles de séparation.
Le gisant de Bérengère est finalement déplacé mais dans la salle capitulaire de l’Epau, à son point de départ en 1988 où il y est encore.
Le chauffoir, pièce carrée entre le scriptorium et le réfectoire est sans doute la mieux conservée de l’ensemble médiéval. Il communique avec le scriptorium par un petit guichet utilisé par les moines copistes pour réchauffer leurs encres.
~~De vastes dimensions (80m² environ), elle est parée d’une cheminée monumentale du XVe siècle munie d’une hotte pentue supportée par un énorme linteau en grès roussard.
L’ancien réfectoire qui suit dans l’enfilade reste soumis à bon nombre d’interrogations sur ses évolutions architecturales tant les transformations du XVIIIe siècle qui ont fait complètement disparaître l’ordonnancement médiéval ont été importantes.
~~Le Passage des Moines : Aujourd'hui "Le Café des Moines".
Dans un cadre moderne avec une vue exceptionnelle sur le parc de l'Abbaye Situé au cœur même de l’Abbaye, entre le cloître et la prairie Est, « Le Café des Moines» accueille les visiteurs dans un cadre intimiste.
Composé de mobilier en bois, fer et cuivre, cet espace de 35 m² au style décalé, tranche avec le dépouillement des bâtiments monastiques.
Réservé uniquement aux visiteurs, le Café des Moines propose des plats (tels que des assiettes gourmandes, des Bocaux du Bocage etc..) élaborés à partir de produits frais et principalement locaux : charcuterie, bières, biscuiterie, fromages….
~~Cet espace convivial a vocation à valoriser les produits des jardins de l’abbaye dans un futur proche.
~~L'église abbatiale se présente sous la forme d’une grande croix au tracé régulier, le chœur profond de deux travées se terminant par un chevet plat. La distance chœur nef fait 70 m, son transept 47 m. L’emploi du calcaire de Bernay est prédominant dans les colonnes, chapiteaux, ogives et fenêtres.
Les travaux démarrent en 1252 par le pignon sud directement relié avec la sacristie et le dortoir. Les travaux de l’abbatiale s’achèvent 50 ans plus tard : la dernière œuvre produite au XIVe est la porte faisant communiquer le cloître au bas-côté de la nef surplombée par un superbe tympan sculpté de l’agneau mystique, et complétée par une grande niche ou armamrium dans laquelle les moines posaient leur livre et dotée d’une cuve creusée en partie basse construite vraisemblablement pour les ablutions.
~~Armamrium : (latin pour armoire), dans l’architecture cistercienne ancienne c'est la pièce de petite dimension se trouvant entre l’église abbatiale et la salle du chapitre, et donnant directement dans le cloître, où étaient rangés les livres d’usage liturgique - ou pour la lectio divina – utilisés de manière courante par les moines. Les moines qui empruntaient ces livres assis sur les bancs de pierre qui bordaient les murs du cloître.
~~L’abbaye est brûlée en 1365 par les habitants du Mans pour éviter que le bien ne soit saisi par les malfaiteurs réunis en bande organisée qui rôdent dans les campagnes, les religieux ayant abandonné le monastère peu avant en demandant asile à la population.
~~L’abbatiale est réédifiée ensuite et son chantier constitue une reconstruction spectaculaire et notamment le remplacement des ouvertures du chevet du chœur par une immense fenêtre à 8 lancettes supportant une rosace à 14 rayons. La totalité des verrières est remise en état pour l’essentiel autour de grisailles à dessins géométriques.
~~Les décors sculptés du réseau de moulures s’inspirent d’ornements végétaux faits de feuilles de nénuphar, de vignes, de lierres et de grosses fougères parfois interrompus de façon fantaisistes par quelques animaux ou personnages.
Une attention particulière aussi au soin apporté à la décoration des 11 clefs de voûtes de l’abbatiale et à l’originalité des figures sculptées des chapiteaux remplacés au milieu du XVe siècle.
Les clefs peintes immortalisent par la force du symbole les armes des grandes familles (armes de l’abbaye, du royaume de France et des comtes du Maine, l’églantine des York ou la rose des Lancastre) et les visages sculptés, non sans humour, inscrivent dans l’éternité de la pierre les figures des religieux de l’époque.
La Rose rouge de Lancastre est l'emblème floral de la province du Lancashire en Angleterre. L'espèce ou le cultivar exact restent imprécis, mais la rose la plus probable est la Rosa gallica officinalis. Elle est adoptée pour la première fois en tant qu'emblème héraldique par Edmond de Lancastre, premier comte de Lancastre, et devient l'emblème du Lancashire après la bataille de Bosworth en 1485.
~~Certains chapiteaux de l’abbatiale sont sculptés de visages : Frère portier brandissant son trousseau de clés.
~~Jeune moine se tenant le menton.
~~La totalité des verrières sera remise en état pour l’essentiel autour de grisailles à dessins géométriques.
~~Rosace vue de l'extérieur.
~~Le décor intérieur de l’abbatiale est complété au XVIIe siècle par la réalisation d’un vaste retable construit en l’honneur de Saint Sébastien, l’un des saints les plus populaires du Moyen Âge, protecteur des épidémies et de la peste en particulier.
Il se situe dans la chapelle centrale du transept nord qui lui est consacré.
C’est l’œuvre d’un célèbre sculpteur manceau de renom de l’époque, Gervais Delabarre, dont l’ouvrage est terminé en 1639. C’est un retable réalisé en tuffeau composé dans sa partie centrale d’une demie-coupole supportée par 4 colonnes de marbres gris et rouge. Elle abrite un saint martyr en terre cuite, le corps percé de flèches. Sur les côtés, deux scènes encadrées représentent Saint Sébastien.
Gervais Delabarre: Peut-être issu d’une famille de sculpteurs, Gervais I Delabarre serait né dans la région du Mans, vers 1560-1570. Sa carrière fut particulièrement longue, la plus ancienne mention de ses travaux remontant à 1593 dans l’abbaye Saint-Serge d’Angers, alors que sa commande la plus récente, le décor de la chapelle des Jésuites de La Flèche, se situe en 1633 et 1634.
Recommandé par l’abbé de Saint-Vincent du Mans comme “l’un des plus excellents architectes du royaume”, il a porté souvent loin de sa ville natale, où il avait son atelier, la réputation des sculpteurs manceaux qui ont connu un véritable âge d’or dans la première moitié du XVIIe siècle.
~~Gervais Delabarre mort en 1644 et Charles Hoyau mort en 1644, tous deux bien représentés dans la cathédrale Saint-Julien, le Mans devient dans la première moitié de XVIIe siècle, le principal foyer de la sculpture en terre cuite de l'ouest de la France. La sculpture en terre cuite du Maine est un art qui fut en partie l'héritage, transmis par les artistes italiens du Val de Loire, d'un savoir faire dont avait acquis la maîtrise Germain Pilon mort en 1590. Son œuvre servit de modèle au terracotistes du Maine. Gervais Delabarre et Charles Hoyau surent s'approprier le maniérisme tardif des ateliers parisiens et faire des contrapposto un art manceau.
~~Un autel dédié à Saint-Louis est construit dans la chapelle de la Vierge. Une large niche était occupée par une statue de la Vierge, la niche sommitale par une statue de Saint Louis.
Colonnes de marbre, chutes de fleurs, têtes d’anges joufflus, guirlandes et coquilles constituent tous les attributs du répertoire ornemental surchargé du style Louis XIV.
~~Le logis abbatial fut construit au XVIème siècle. Il aurait succédé au bâtiment des novices et fut profondément remanié au XVIIIème siècle.
Le logis est indépendant des bâtiments claustraux.
~~Les moines cisterciens s’attachèrent à défricher et drainer la terre selon les principes de la Règle de Saint Benoit. Ils étaient en capacité, jusqu’à la Révolution française, de vivre en autarcie grâce aux fruits tirés de l’exploitation agricole de l’abbaye.
Petit à petit, le jardin reprendra ses droits entre les allées qui seront redessinées.
~~Le Département a l’ambition de redonner sa mission vivrière au site en transformant le vaste parc enclos de murs en jardin cultivé. Afin de bien l’ancrer dans le XIXème siècle, le jardin sera développé selon le système permaculturel qui respecte et utilise les écosystèmes naturels et permet de développer une culture intensive sans éléments artificiels et extérieurs.
~~Acquisition de l'Abbaye de l'Epau par le département de la Sarthe, cette exposition, présentée dans le chauffoir de l'Abbaye Royale de l'Epau du 18 juin au 22 septembre 2019, a été réalisée à l’occasion des 60 ans de l’acquisition de l’Abbaye Royale de l’Épau par le Département.
2017
~~Le salon des vins, une manifestation à l’air libre des vignerons sarthois, qui présentent leurs Jasnières et Coteau du loir.
~~Painting ind mind d'Hiro Chiba
Voir la vidéo du reportage de Cedric Pollet sur Youtube suivre ce lien :